a - charge de travail :
Plusieurs personnes rencontrées évoquent une accélération des rythmes depuis que ces nouveaux outils TIC sont utilisés. Lorsqu'il s'agit de conduire un projet, d'organiser des réunions, des outils tels que la messagerie et les plannings partagés permettent de réduire les délais. Il reste difficile à dire si cette amélioration de l'efficacité se traduit par une intensification du travail.
b - Charge mentale :
Dans certains cas, les logiques dans lesquelles sont employés les outils TIC entraînent un accroissement de la charge mentale des utilisateurs. Dans une des entreprises, certains utilisateurs ont recours à la métaphore suivante, riche de sens, pour décrire leurs difficultés:
" J'ai le disque dur qui sature "
c - Sens du travail, charge psychique :
Parallèlement, dans un tel contexte, le développement des TIC peut créer un malaise lié à un perte de sens ou un changement du sens du travail. C'est le cas, par exemple, quand les utilisateurs constatent que la multiplication des outils TIC et le type d'usages qui en est fait se traduit par un accroissement de la part administrative du travail et du temps consacré à la gestion de l'information.
Les impacts sur les formes d'organisation du travail :
Dans certains cas, les TIC semblent contraindre l'organisation et réduire les marges de manœuvre des salariés. Ces compétences ne sont pas nécessairement anticipées.
Dans d'autres cas, les outils TIC semblent avoir un impact contraire : les fonctionnalités d'accès à l'information ou de transmission d'information des TIC servent la prise de décision au meilleur niveau.
3 indicateurs nous semblent intéressants pour qualifier l'impact des TIC sur l'organisation du travail :
- l'impact sur l'autonomie des utilisateurs,
- l'impact sur le contrôle du travail,
- l'impact sur le travail collectif.
Ainsi que 3 facteurs qui nous semblent déterminant :
- la technologie TIC concernée (type d'outil),
- le mode management de l'entreprise,
- l'association des utilisateurs dans la dynamique des projets TIC.
Les risques des TIC sur la qualité de vie et de la santé:
1. Une augmentation des rythmes de travail
Si le développement des TIC ne correspond pas globalement à une intensification du travail, le risque d’une augmentation des rythmes est réel pour les salariés qui en font une utilisation soutenue. Le temps gagné en communication ou en traitement de l’information a souvent été réinvesti dans la production. L’augmentation de la productivité a entraîné un surcroît d’activités à réaliser et d’informations à traiter.
Fatigue, difficultés de concentration, stress peuvent apparaître. Lorsque l’augmentation des rythmes de travail est conjuguée à une faible latitude décisionnelle, le sentiment de déséquilibre entre ce qui est demandé et les ressources dont on dispose pour y répondre, peut s’accroître et se traduire par des troubles physiques ou psychiques.
2. Une surcharge informationnelle
Les TIC contribuent au phénomène de surinformation. La mise à disposition constante de nouvelles informations, plus ou moins bien ciblées, la nécessité de les analyser rapidement, de les trier, et d’éventuellement en rediriger une partie peut consommer un temps non négligeable et entraîner un sentiment de surcharge.
L’utilisation de la messagerie dans de nombreuses entreprises a été mise en cause. Des initiatives ont été lancées avec plus ou moins de succès pour en rationaliser les usages : élaboration d’une charte, institutionnalisation d’une journée sans mail, projet de remplacement de la messagerie interne par un réseau social...
3. Un renforcement des contrôles
Le renforcement des contrôles est porteur de deux grands risques : un risque de stress (plus l’autonomie est réduite, que ce soit dans le cadre général de l’exercice du métier ou dans les usages des TIC, et plus le risque de stress augmente) mais aussi un risque de désengagement (intérêt du travail et reconnaissance peuvent paraître aux yeux des salariés fortement diminués).
4. Un brouillage des frontières entre travail et hors travailroutiers
Tout d’abord, les normes collectives qui ont longtemps régulé le temps de travail ont tendance à s’effacer parmi les utilisateurs avancés des TIC. Ces derniers sont en effet proportionnellement plus nombreux à travailler « en débordement », situation qui les conduit à travailler fréquemment en dehors des heures formelles de travail (soir, weekend, congés), et à allonger la durée de leur travail. De plus, la culture de l’immédiateté qui s’est développée avec les TIC entraîne pour certains un « devoir » de joignabilité et de disponibilité au-delà des horaires habituels.
Ces usages peuvent générer une charge de travail additionnelle, une fragmentation des tâches, des décisions parfois trop rapides, une difficulté à « couper »… et peuvent ainsi augmenter le risque de surmenage.
5. Un sentiment d’isolement
Encadrés par des normes de productivité et de qualité très strictes, certains usages des TIC peuvent favoriser des échanges brefs et peu personnalisés entre les salariés et avec leurs contacts extérieurs.
Les risques associés à ces évolutions si elles sont insuffisamment pilotées, sont un sentiment d’appartenance moins fort de la part des salariés concernés, et un sentiment de reconnaissance moins important, voire d’exclusion.
Commentaires
Enregistrer un commentaire